Radio Village Innovation – Interview

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Radio Village Innovation (http://radiovillageinnovation.com) interview chaque semaine, dans le cadre de l’émission Parlons Clean, des interviews de porteur de projet innovant qui répondent aux enjeux environnementaux de demain.

Valentin Gauffre, co-fondateur de 42 Factory, était dans ce cadre au micro de la journaliste Clea Broadhurst:

 

Clea Broadhurst, journaliste de Radio Village Innovation : Bonjour et bienvenu dans ce nouveau numéro de Parlons Clean, nous allons aujourd’hui parler d’AtmoTrack, un service permettant de surveiller la qualité de l’air en temps réel tout en conseillant les bonnes pratiques à suivre. Tout à chacun peut, via une application, connaître le niveau de pollution de l’air dans lequel il vit. Des initiatives locales peuvent ainsi être entreprises afin d’améliorer notre qualité de vie. Pour nous en parler d’avantage, j’ai le plaisir d’accueillir son fondateur Valentin Gauffre. Bonjour !

Valentin Gauffre, CEO de 42 Factory: Bonjour!

CB : Est-ce que vous pouvez nous dire d’abord comment le projet d’AtmoTrack a vu le jour ?

VG : En fait, le projet est né en Asie, où j’ai résidé pendant un bout de temps, et donc à l’époque, à Shanghai, il n’y avait que 2 sources d’informations sur la qualité de l’air : [la première] était l’Ambassade Américaine, l’autre le Gouvernement Chinois ; Et comme vous pouvez l’imaginer, ils n’étaient jamais d’accord sur les valeurs de la qualité de l’air. On s’est alors dit qu’avec nos connaissances technologiques et notre savoir-faire, on était capable de faire quelque chose de plus abordable et qui nous permettrait de savoir ce que l’on respirait tout au long de la journée et sur nos différents trajets.

CB : Donc c’est quelque chose que vous avez commencé en Asie, ou qui a été ramené pour le faire en France ?

VG : En fait le projet est vraiment né là-bas [en Asie] et puis il fallut passer beaucoup de temps et de moyens sur le développement ; Et donc on l’a ramené en France pour le développer, l’améliorer et enfin pouvoir le sortir.

CB : Expliquez nous dans les faits le fonctionnement :

VG : […] On parle d’un capteur, mais c’est en réalité un ensemble de capteurs dans une balise. On capte grâce à différentes technologies les valeurs de pollution, aussi bien les particules fines que différents gaz, tout ce qui constitue l’indice AQI, qui est un indice international. Et on a ce capteur, que l’on a conçut pour être mobile, transportable ; On peut l’accrocher à un sac à dos, le mettre dans un cadre de vélo, ou même l’accrocher sur une voiture. Et le fait qu’il soit abordable permet de dire “[…] on n’a plus seulement un budget pour un seul capteur qui va coûter très très cher, mais pour le même budget on va pouvoir déployer toute une flotte, qui va pouvoir se balader à droite, à gauche”.

CB : Ca veut dire que si je veux, je prends un des capteurs, je le met sur mon sac à main, et donc, au fur et à mesure de mon avancée dans la ville, ça capte tout ça? Et du coup, comment je récupère l’information, en temps réel ?

VG : Aujourd’hui il y a 2 moyens : on a fait un petit système lumineux sur le capteur qui permet de voir très rapidement ce qu’il se passe, mais on n’a pas assez de détails. On va pouvoir aussi passer par une application smartphone, parce que ça permet non seulement de communiquer sur la qualité de l’air, mais aussi de vous donner les bons conseils. C’est important de ne pas seulement avoir la mesure, mais aussi de comprendre ce que vous respirez et comment adapter vos comportements. Et puis pour les collectivités, qui ont besoin d’avoir une vue globale de leur territoire, on va passer par un tableau de bord, qui couple la géolocalisation des différents capteurs, et les informations que [les collectivités] ont sur leur territoire, aussi bien la population que le trafic [routier], ou les réseaux d’eau par exemple, ou de chaleur.

CB : Pour rebondir sur ce que vous disiez, pour les municipalités, comment votre dispositif peut aider à changer l’environnement urbain?

VG : […] On a déjà travaillé avec certaines collectivités, et on s’est rendu compte qu’il y avait deux aspects principaux dans leurs difficultés à communiquer : le premier c’est que la qualité de l’air est un sujet très complexe, comprendre de quoi on parle, c’est une des premières étapes ; Et justement dans ça, on simplifie la compréhension de la qualité de l’air via des interfaces, via le design […] ; Le deuxième problème, c’est que, généralement, toutes les lois de développement durable ou de transitions [énergétiques/ vertes] en tant que citoyen, on les subit, très souvent. Presque du jour au lendemain, on découvre que l’on ne peut plus prendre sa voiture parce qu’elle est considérée comme trop polluante, sans comprendre l’efficacité de la loi qui est passée derrière. Donc pour les collectivités, […] l’interface du tableau de bord leur permet de savoir sur quelle partie du territoire on peut se concentrer pour peut être voir si telle ou telle [décision] permettra d’améliorer les choses, et puis de communiquer aux citoyens l’efficacité de la [politique]. [Par exemple], on peut voir en temps réel […] dans le cadre de l’interdiction de certains modèles [de voitures] polluantes, le retour à des valeurs beaucoup plus saines sur le territoire. C’est donc à la fois un outil de prise de décisions et de communication.

CB : D’accord. Est-ce que vous avez des exemples concrets, pour que l’on puisse avoir une meilleure image de ce que cela donne ?

VG : Typiquement, on a fait des campagnes [de mesures] pendant la COP21, on voyait très très bien justement le fait que la majorité de Paris était interdite à la circulation, et jusqu’à voir dans quelles rues se garaient les bus qui déposaient les différents manifestants. Tout cela permet d’identifier l’efficacité d’une [politique], et de pouvoir voir que oui, sur le très court terme par exemple, sans voiture, ça a une efficacité sur l’environnement de tout à chacun.

CB : Oui, ça a un réel impact alors?

VG : Oui, tout à fait […].

CB : Et du coup vous parlez de conseils pour appliquer des changements concrets au quotidien, quels sont-ils?

VG : Alors, généralement il existe déjà beaucoup d’études sur comment améliorer son environnement proche, que ce soit sa maison, son lieu de travail ou autre; Mais c’est souvent très déconnecté de ce que nous vivons au jour le jour. Typiquement, si on vous conseille d’ouvrir vos fenêtres mais qu’en fait la pollution extérieure est plus importante que la pollution intérieure ; Ce sont des conseils qui appliqués de manière bête et méchante ne sont pas forcément super efficaces. Donc on a travaillé avec les hôpitaux, et notamment les pneumologues pour être capable de dire : ” En fonction de telle ou telle valeur qu’on va mesurer proche de chez vous, [et] en fonction du capteur que vous avez, on peut vous dire que à tel ou tel moment si c’est un bon moment pour faire […] un footing, ou n’importe quelle activité que vous aviez prévu”. Donc si vous avez prévu par exemple de vous balader avec vos enfants, on peut vous dire très facilement grâce à l’interface “Là c’est le bon moment” ou bien “Attendez 1 heure ou 2 en fonction des prévisions”.

CB : Ca me rappelle à Pékin, il y avait ça aussi justement, où ils disaient “attention, là, ne pas faire d’exercice en extérieur, c’est beaucoup trop risqué, c’est beaucoup trop dangereux” en donnant l’indice,  justement de pollution.

VG : Oui, c’est complètement ça, sauf que l’on a voulu éviter les conseils du genre : “Vous habitez en ville, c’est pollué, allez habiter à la campagne”. […] Dans notre projet, avec les mesures que l’on a aujourd’hui, la pollution peut être observée rue par rue et en temps réel. Donc on peut beaucoup plus facilement ajuster en disant : “Voilà, ce n’est plus seulement un indice qui est global à toute la ville, aussi grande soit-elle comme Pékin, mais [qui est spécifique à] votre quartier, juste à côté de chez vous. [Grâce à ces données], il est possible d’avoir par exemple un trajet sain, sur votre trajet du travail, si vous avez votre vélo, [en vous évitant de] passer par des rues polluées”.

CB : D’accord, et puis du coup ça encourage aussi les gens à prendre leur vélo pour aller au boulot par exemple?

VG : C’est ça, on encourage les mobilités douces pour tout le monde.

CB : Et alors, de quel genre de budget parle-t’on pour équiper maison, rue, capteur ; Combien ça coûte un capteur si un particulier veut l’avoir ? et aux municipalités qui veulent faire quelque chose d’un peu plus large par exemple ?

VG : Aujourd’hui en fait, comparé aux très grosses stations qui sont déjà en activité, on va mesurer 20 fois plus [de données], parce que justement on a beaucoup plus de capteurs, pour un coût qui est de de 10 à 100 fois moins cher, à la fois à l’achat et à la maintenance, que les stations actuelles. Donc ça coûte moins cher, on a plus de données, et ça permet de communiquer plus facilement sur tout ça.

CB : Quels sont les défis, auxquels vous avez dû [faire face, ou faîtes encore face] au quotidien?

VG : Déjà, on a passé 4 ans à développer les capteurs pour être sûr qu’ils ne disent pas de bêtises dans [leurs mesures] ; Donc ça c’était un défi technologique. Après le défi aujourd’hui c’est de conforter tout le monde dans le fait qu’on cherche à attirer le plus de personnes possible autour du projet, parce qu’il y a un intérêt à ça, c’est à dire que, aujourd’hui la confrontation entre les industriels d’un côté et la Santé de l’autre ça n’a pas vraiment de sens, parce que la Santé apporte des réponses aux uns, et les autres sont directement influenceurs de l’environnement. Donc le plus grand challenge aujourd’hui c’est de dire “Voila, on est ouvert à toutes les suggestions, à toutes les utilisations possibles de la donnée” et de [pousser les gens à] venir discuter avec nous pour le faire ; Rassurer tout le monde sur le fait que ce n’est pas un danger [de connaître] la pollution et qu’il y a des moyens très simples de mieux vivre, c’est le plus gros challenge.

CB : Et donc du coup, quel sont les prochaines étapes pour AtmoTrack, et pour vous?

VG : Pour AtmoTrack, c’est le déploiement dans de plus en plus de villes. On est déjà sur 3 grandes villes. […] Déployer dans de plus en plus de villes pour pouvoir toucher et aider de plus en plus de citoyens. […] Aujourd’hui, pour les citoyens, on est sur des capteurs qui sont, même s’ils sont très abordables par rapport aux systèmes existants, encore un peu cher, donc on travaille sur une version aujourd’hui grand public qui pourra sortir d’ici peu.

CB : Donc vous êtes où du coup, par curiosité?

VG : Alors, Nantes, on va pas se cacher, hein, mais les 2 autres villes on ne peut pas [encore] communiquer sur leur identité, mais ça viendra…

CB : Eh bien écoutez merci beaucoup Valentin Gauffre de nous avoir rejoint pour cette émission.

VG : Merci à vous

[…]

Le texte a été arrangé pour répondre à une meilleure qualité de lecture. L’intégralité de l’interview non modifié est en lecture sur le player intégré, et directement sur la page de Radio Village Innovation: http://radiovillageinnovation.com/broadcast/38653-AtmoTrack